Archives de Catégorie: C'est quoi un zèbre (un surdoué, un haut-potentiel) ?

La couleur des mots, le ruban du temps

J’ai toujours vu les mots en couleurs. En fait, ce sont les voyelles qui sont en couleurs. Le A rouge, le I jaune, le U vert, etc. Exemple :

Salut les aminches

Petite, je croyais que tout le monde voyait ça pareil, mais en fait non ?

Et puis aussi, je « vois » les représentations du temps qui passe sur mon écran mental : le calendrier est comme un tableau, un ruban horizontal avec des cases, sur lequel mes yeux se déplacent : vers la gauche pour le passé, vers la droite pour le futur, et comme un petit pointeur sur « maintenant ». Sur ce ruban, des marques pour les jours, semaines, mois, années, selon l’échelle à laquelle je pense.

Ca s’appelle la synesthésie, cf article dans Wikipedia : « phénomène neurologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés. Par exemple, dans un type de synesthésie connu sous le nom de synesthésie « graphèmes-couleurs » (qui représenterait 64,9% des synesthésies), les lettres de l’alphabet ou nombres peuvent être perçus colorés. » Il y en aurait plus de 1000 formes différentes. C’est involontaire, automatique et, selon Jeanne Siaud-Facchin, caractéristique des zèbres.

Zèbre ou albatros ?

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Baudelaire, Les fleurs du mal.

Pourquoi je mets ce poème sur mon blog ? Eh bien, parce que c’est assez représentatif de ce que l’on peut ressentir, en tant que surdoué, dans le monde. D’ailleurs, certains enfants surdoués développent un « complexe de l’albatros », inhibition intellectuelle, renoncement à exploiter leurs ressources intellectuelles car ils les voient comme un danger (voir description sur le site de l’académie de Toulouse).