Anatomie d’une crise de blues

On décrit les zèbres comme des personnes hyper-sensibles, voire hyper-susceptibles. Jeanne Siaud-Facchin parle de « vulnérabilité psychique ». Lucidité acérée –> grande réactivité émotionnelle –> anxiété diffuse.

Munch - Le cri

Munch - Le cri

Bon ben là suis en pleine hyper-réactivité émotionnelle et d’anxiété pas si diffuse que ça. Une petite bisbille avec quelqu’un que j’aime beaucoup, mais qui du coup me tient à distance, et me voilà dévastée, abandonnée. Ca me fait flipper parce que, il n’y a pas si longtemps,  on est bien restés 6 mois sans se parler autrement que pour les trucs obligatoires. Je lui ai demandé qu’on en parle, mais c’est quelqu’un qui ne supporte pas l’idée même d’un conflit, et bon, non (j’étais pas très courageuse pour insister, d’ailleurs, la culture du non-dit étant l’une des mammelles de mon éducation familiale). Alors, constater son malaise avec moi l’autre jour, sa presque froideur et son silence depuis, ça m’a remise droit dans le gros blues qui tache. Pour moi qui suis tellement insécurisée, une vraie torture.

Il y a quelques temps encore, dans ce genre de situation il FALLAIT que j’agisse, que je fasse quelque chose, n’importe quoi, pour ne plus éprouver cette souffrance de l’abandon, pour essayer que ça change, que ça se répare. Réactions agressives, désordonnées, maladroites, et la situation empirait bien sûr. J’étais incapable de traverser la souffrance, de l’accepter pour comprendre ce qu’il se passait réellement en moi.

Maintenant que j’ai un peu grandi, les choses ont changé. D’abord, je suis capable de faire le point sur les faits, rien que les faits, et de réfléchir posément à ce qu’il convient de faire. En l’occurrence, là, surtout ne rien précipiter. Laisser passer du temps, pas tout foutre en l’air en allant réclamer de l’attention ou des explications que l’on me refusera à coup sûr. Ok, j’accepte d’attendre, et de rester dans mon blues quelques temps.

Finalement, là où avant j’aurais passé la (les)  journée(s) sur le canapé à gober du chocolat et des films pour ne plus penser, plus éprouver, j’ai réussi à me concentrer sur les choses à faire. Et je me suis occupée de mon corps, ce grand abandonné de ma vie. Auto-massages, relaxation, exercice physique, belle balade dans la verdure.

Mais la journée a été traversée de nombreux flashs d’angoisse. Chaque fois que cela s’est produit, j’ai essayé de comprendre en quoi ça consistait. En fait, c’est comme un frisson qui me traverse le corps et finit dans mes tripes, ça dure moins d’une seconde, mais c’est une secousse à chaque fois. Pas de mots, pas de son, juste ce coup d’aiguille dans le ventre. Bon ok, j’ai mal. Eh ben j’ai mal, hein. J’apprends à regarder ma douleur dans le blanc des yeux.

Au prochain épisode, je comprendrai à quel événement de mon enfance est reliée cette douleur, je saurai ce qui se rejoue depuis lors, dans les relations que je recherche, que je foire, que j’étouffe de mon insondable besoin d’amour.

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